LE MONDE DE PHILIPPE

Alors, mystérieusement, entre en existence cette chose dans laquelle il y de la joie. Krishnamurti

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 7

Je tiens à rappeler, après ces digressions, que mon gendarme a un goût de retours dans la bouche que par ailleurs, elle l’a pâteuse aussi. Le commissaire, un grand bonhomme aux yeux verts et doux et aux cheveux en broussaille est aussi un drôle de type qui s’arrête sans le faire exprès pour pisser ou humer l’air du temps, là où il y a une scène de crime. On appellerait, çà ma bible ; des détails intangibles sans quoi, selon moi, il n’y aurait pas de véritable marque de série romanesque et policière avec le commissaire Mérinos et le gendarme Le Notre. Le gendarme le Notre, yeux bleus gris est de taille moyenne, les cheveux bruns, noués en une natte tressée qui confine à l’oeuvre d’art le tout surmontant une femme à la tenue militaire impeccable. D’ailleurs à ce stade de l’écriture je signale ou je rappelle aux lecteurs et lectrices de leur série intérieure, que le gendarme est une gendarme. Y compris dans cette seconde scène au début d’un autre épisode :

-tiens vous êtes encore là vous ?

-oui, j’avais…

-une envie de pisser ?

-Comment le savez vous ?

-avec l’auteur qu’on a, faut pas être surpris.

-Nous avons encore un gars qui est encore allongé dans un tapis de feuilles sèches vu que c’est l’automne et qu’ il n’a toujours pas plu. Cette fois ci, il dort avec un râteau planté dans le dos.

-On a changé d’outil…

-oui, la dernière fois c’était une pelle.

-Là on est dans le jardinage ?

-Le badinage.

-Encore indisposée capitaine, vous ne devriez pas manger avant une scène de crime.

-Encore de mariage commissaire ?

-Non, juste de passage. La dernière fois je vous ai menti, ma fille ne se mariait pas, d’ailleurs je n’ai pas de fille.

-Sans importance, je dis ça parce que votre col est tâché.`

-Oui, je suis à fleur de peau.

-Montrez moi votre col, commissaire.

-Allons, nous sommes en plein roman, je vous rappelle.

-Oui, et c’est long de rester sur la première page.

-Surtout dans un brouillon.

-Combien de pages nous reste t il encore avant de s’embrasser ?

-Après que vous ayez vomi, si l’auteur y consent, je préfère attendre.

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 6


C’était une punition. Viré parce que je ne faisais pas grand chose à l’école de la république, j’ai atterri deux ans chez les curés dans un petit village de Bretagne.
Notre père qui êtes aux cieux. La classe toute entière est debout. J’ai laissé à la porte, dans un sac, accroché au porte manteau du couloir de la classe, mon roman policier. C’est peut être çà l’intrigue, le lien entre ce que j’évoque par moments et mon polar. J’ai appris à lire et écrire dans les couloirs de l’école. C’est peut être ainsi qu’on apprend à lire entre les lignes. Je ne sais pas. J’ai appris à écrire des histoires à l’école en classe de quatrième pour m’évader d’un univers trop particulier et tellement violent, qu’il est impossible encore de l’évoquer sans jeter la suspicion aujourd’hui, sur la réalité sordide de cet établissement dans quel j’étais inscrit au cours des années soixante dix… Mais ce que j’y ai vécu aura durablement déformé mon sens de l’écriture. Peut être plus loin et dépouillé encore, le sens commun en devint abject et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il était violent. C’est une ironie de l’histoire que ce cette appellation fleurisse aujourd’hui.
C’est qu’à cet endroit on y apprenait aussi les saintes écritures, et l’amour du prochain et des mille et une manières de le lui manifester, surtout lorsqu’il est plus petit et encore incrédule. C’est çà qu’est terrible, professer l’amour et distribuer de la violence. C’est un principe de pervers.
Par exemple, le tableau est très vert. Le soleil perce les vitres mal nettoyées. Ca pue la rentrée. Le ventre est noué. Chaque élève est à côté de son bureau. Le professeur a les mains qui s’empoignent et sa mine est contrite. Il entame la prière que tous doivent réciter à sa suite, " Notre père… Je suis surpris ; je n’ai pas l’habitude ; je viens d’un établissement public. Je suis là, comme on m’a dit, pour qu’on redresse. « On va te redresser », ce sont souvent des pauvres gens, redressés eux mêmes et tellement tordus dans tous les sens qui menacent ainsi les enfants. Je suis ailleurs. J’entends à peine, un cauchemar de basse intensité, puis deux syllabes plus loin, “Pergam”, ici… je me retourne instinctivement, comme les autres. Du fond, arrive tranquille, un gamin joufflu et rougeot surmonté d’une tignasse épaisse qu’on appelle aussi des cheveux frisés. Il s’arrête à quelques centimètres du professeur planté sur l’estrade, les deux jambes écartées, à hauteur des épaules, comme on dit en sport. Il retire ses lunettes qu’il pose sur le bureau, comme pour prévenir, çà va secouer. A sa manière, je devine que le gamin a l’habitude. Sans crainte. il se tient droit. Il se retourne vite fait de droite et de gauche et assez en arrière pour nous adresser à tous un sourire, comme un au revoir les copains. Puis, à nouveau droit devant le prof, auquel j’imagine il sourit encore, il se prend deux grosses claques dans la gueule, suivi de : « à genoux sur ta règle ». Ce qu’il fait. Je me rends compte qu’il avait sa règle à la main. L’habitude, l’école a ses règlements et ses habitudes.
Le prof reprend : Notre père… qui êtes au cieux. J’ai mal aux joues pour l’autre. Ces mains là, je les connais, elles ont quelque part sur un doigt une bague qui t’esquinte l’arcade sourcilleuse quand elle te frappe. Ce sac de doigts, je l’ai pratiqué pendant l’été précédent, pour des verbes irréguliers, en cours de rattrapage. je n’ai pas oublié cette entrée remarquable, le reste du menu non plus.

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 5

J’ai aussi l’envie de me délecter du subjonctif incroyable. Les verbes fuient. Ils courent devançant la frappe, effrayés que je puisse, à leurs dires, les travestir sous des tenues incorrectes. Il menacent d’abandonner la page et de détruire illico, le tiroir du bahut où s’empile non repassé, la somme de tout mon vocabulaire. D’autant que je me souvienne, je n’ai jamais repassé ma mémoire. Tout comme je m’entiche par coquetterie du conditionnel passé, voire en conjugaison surannée, en très moyenne et deuxième forme, je déteste le plus que parfait, prétentieux synonyme « d’un avant c’était mieux ». J’essaie et ce n’est pas toujours facile, en me brossant les dents, de crier que je me fous du passé révolu. Je respecte d’autant que je peux ma grammaire mais j’invente et je renomme comme il me plait ma conjugaison. J’y fourgue pêle-mêle tous les temps, pourvu qu’au delà de leurs nuances, ils se complètent, exemple : le passé simple et le futur compliqué. Ils me tiennent résolument présent au présent, car comme le déclamait Lanza Del Vasto, « il était loin de nous au moment où il était », le présent. Ailleurs, je suis, j’en conviens, et présent, qui plus est, quand on m’appelle. L’ennui, c’est qu’on m’appelle peu. C’est parce que je suis reclus et solitaire et justement, c’est pour cela qu’on ne m’appelle plus. On m’a dit, toi on a l’impression que tu n’as besoin de rien. Est ce par orgueil, je ne sais pas. J’ai presque aimé cela ou ai je fait semblant ? Alors j’écris et c’est bien d’écrire quand on est solitaire. J’écris parfois dans les cafés. Entouré, mais seul. Qui n’a pas éprouvé un jour le sentiment de solitude parmi les autres ? Tu as quatre cent amis sur un réseau social et tu es seul à ta table. D’où parfois, l’importance des appels . J’y reviens. Exemple, dans la cour de récréation à l’école, celui dont je me souviens, alors qu’en rang parmi les élèves, je rêvais en blouse grise. Cet appel recèle une toute autre utilité que de recenser la présence des élèves. Juste cette importance de l’être à soi même : « présent » et présent(e). Mais je suis présent, à moi même et je me dois de chérir cette solitude qui permet à cette envie profonde d’éclater et de ressurgir, l’impérieux besoin d’écrire. Mieux qu’à répondre à mon nom qui n’est que secondaire, à cet instant je suis. On m’appelle donc je suis. Je ne suis pas parce que je pense, mais je suis parce que je réponds. A l’injonction, ou à la sensation du froid ou du chaud, à la beauté, à l’ennui, à tout ce qui m’entoure et que je ne saurais nommer sans dénaturer la sensation d’une seule présence autour de moi, l’absence. Je peux même répondre à ce qui me semble être un néant ou le “rien”, sans un mot, en observant le silence.

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 4


J’ai aussi envie d’écrire les mots qui n’existent pas. Rends toi compte, ils se cachent près des points, soit entre entre deux phrases. Parfois, ils trainent entre deux lignes. Puis ces mots semblent se dissoudre dans la blancheur des espaces. Ils fuient sur le vélin ou le papier chiffon. Crains-tu que sur du papier bible, ils aient à se couvrir d’un suaire ? Ils errent comme des fantômes dans les couloirs formés par les interlignes. Les mots et les phrases sont à ces routes textuelles ce que les platanes sont aux routes méditerranéennes. Rares sont ceux qui osent s’aventurer à découvert entre deux paragraphes. Ils préfèrent, discrètement, quoique noirs sur fond blanc, s’évanouir et disparaitre comme des passe murailles de papier. Ils traversent les pages en maitres de l’osmose. Ils se fondent entre deux signes. Ils repèrent les guillemets ou les nota bene, comme on sait qu’ils remarquent les portes dérobées. Ils s’extraient furtivement de notre inconscient. Il se révèlent tout à coup au détour d’un point virgule. Il arrive alors que la ponctuation sonne le rappel comme le ferait un bruit de chaine. Trois petits points, trois petits boulets. Un fantôme passe entre deux lignes et donne un autre sens à la lecture. Une page plus loin et tout s’est dissipé. Ai je bien lu ? Il me semblait avoir compris. Qui reprenant un livre, qu’il aura aimé, ne trouvera pas d’autres sens et des trésors cachés, dans une seconde lecture appuyée ? Et puis, non, se tenir aux faits, se méfier de l’intuition, disent les personnages raisonnables. Mais que penser si dans un roman, en dehors de toute intrigue et de phrases bien ciselées, quelque esprit farceur vient jeter le trouble et le doute. Et si l’auteur s’était trompé de coupable ? Et s’il s’était simplement trompé d’histoire ? Un mot fantôme ricane et d’autres toussent. Le conditionnel n’a pas été inventé pour rien et il se transforme, s’engloutissant à la poursuite des mots qui n’existent pas, au présent de la quasi certitude.

Oui l’auteur peut se tromper. Dans ce cas, il s’est laissé abuser. Tout le monde le peut, pourquoi pas lui. Il s’est gouré d’histoire et la voici, la lecture, entachée d’une erreur. D’ailleurs, qu’a voulu dire l’auteur ? Souvent, à l’école, je n’ai pas su répondre à cette question, du moins sans être malhonnête, tout autant que pouvait me sembler paraître la question. Personne n’en saura jamais rien. Y aura t il autant de réponses que de lecteurs qui se seront trompés au départ sur le sexe de mon gendarme ? Beaucoup de générations d’écrivains nous auront précédé et n’auront pas eu l’opportunité d’y répondre dans de célèbres émissions littéraires. Voilà qui eut été un très beau titre, quelque peu tapageur pour un livre qui n’existe pas : Divagations sur le sexe d’un gendarme. J’imagine l’ouvrage publié qui est posé, à peine couverts d’autres livres tous frais parus, sur une table comme on le fait dans les bonnes librairies et l’oeil des clients empressés, de découvrir ce que leurs doigts auront déplacés.

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 3

Voir les numéros 1, 2 et 2bis, dans l’ordre de cette histoire et parus avant cette publication sur ce blog…

J’aurais aimé inventer un roman policier. C’est l’histoire d’un flic qui appelle les gendarmes pour un meurtre. Il aurait commencé comme ce qui précède. Sans doute faudrait il plus de détails pour édifier l’imagination et l’étayer. Peut être qu’en mon cinéma intérieur, je dirai : « coupez on la refait » ; ou bien j’essaierai de lui donner une suite au hasard des pages qui me restent à noircir.

Je me rends compte que j’ai inventé l’horreur d’une scène de crime et que j’ai fait vomir un gendarme. Je me demande si, mine de rien je ne m’apprête pas à détourner un commissaire de son devoir de père, pour un excès de curiosité mêlé à une envie pressante et au hasard que j’ai combinés. Et puis après, je ne sais pas. J’ai envie d’écrire ma série et de la découvrir en même temps qu’elle s’imprime devant moi sous mes doigts. C’est bien quand même, les romans policiers. Beaucoup aiment à détester la police mais ils adorent les polars, dont le héros est un commissaire. C’est un mystère. C’est un des mystères du polar. Alors je ferai pisser Mathieu, de son nom, le commissaire Mérinos et je ferai vomir le gendarme Le Notre. Notez que j’aurais pu procurer au gendarme Le Notre, dont on découvrira le prénom plus tard, une envie de pisser selon l’adage, « un bon pisseur en fait pisser plusieurs ». Si j’ai de l’estime pour mon commissaire, j’aime aussi bien l’émotivité de mon gendarme. Après tout, mes personnages sont aussi deux êtres sensibles, qui possèdent comme vous et moi une vessie et un estomac. Les êtres de papiers ne sont pas que des mots plats. J’ai déjà remarqué que la fonction de certains personnages gomment un peu de leur humanité. Je vous laisse imaginer et, apprécier selon votre humeur, quelques scènes d’intimité de personnages glaçants, que vous aurez rencontrés, dans l’exercice de l’abandon nécessaire et tout à leur réponse aux exigences physiologiques. Ils redeviennent ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être comme vous et moi, preuve que l’imagination ramène parfois au réel.

A noter qu’à la différence de l’écran où l’on voit immédiatement et clairement qui est qui, sur le papier, ce n’est qu’à l’observation de l’orthographe, et le plus tard possible, et dans ce cas précis et à la fin de la première scène, de quel genre, sont les personnages. Le gendarme Le Notre est donc une femme et peut être suis-je déjà en retard sur les débats, à souligner les anomalies quant à se donner du genre. Trahit par cette phrase, j’ai avoué, comme il est maladroit de le faire, dès la première scène, par un : « c’est moi qui ai appelée ». Appelée, ée, participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct s’il est placé avant le groupe verbal bien sûr s’il s’agit du verbe employé avec l’auxiliaire avoir. La grammaire mène son enquête comme se déroule une investigation policière.

L’homme allongé par terre, a reçu deux coups, le premier pelle à plat sur le sommet du crâne et le deuxième par le tranchant de l’outil pour tenter de sectionner ce qui pouvait l’être, soit séparer le corps de la tête. C’est une manie que l’on constate souvent chez les êtres humains, depuis la nuit des temps et ce, jusqu’à notre époque, où le jour tarde encore à se lever.

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 2 BIS


Alors j’ai laissé l’écriture de ce polar qui je l’avoue commençait assez mal. Je me suis mis à tourner en rond, un peu comme font les chiens quand ils cherchent à se poser à un endroit précis et quand ils exercent un mouvement de toupie jusqu’à se décider à se laisser aller au sol et en boule. J’ai cherché à quoi bien m’occuper.

Il n’y avait rien d’autre à faire ce dimanche. Tourner en cage, ou bien s’évader comme m’y invitait la porte, dont seul j’ai la clé, et comme elle me le permettait. C’est étrange, mais des fois je lui demande la permission… Il faisait froid. Froid au dehors avec le vent du Rouergue et, froid au dedans, pour ne pas trop brûler de bois. Alors, j’ai endossé ma veste et coiffé de mon chapeau, je suis sorti. Sortir, quelle qu’en soit la raison, c’est aussi et surtout se mettre hors de soi. La marche permet de traverser cet état qui part de la solitude vers un espace intérieur qui s’élargit, à mesure que l’horizon recule, ou bien que toute pensée se perde, ricochant sur les troncs et les branches d’une forêt. Il s’agit de prolonger l’oubli dans la solitude, à la singularité de ces moments de lucidité. Certes cette vie n’a aucun sens, mais de passer outre cette considération et de mettre un pied devant l’autre est un plaisir insensé. Il se justifie à lui seul. Il s’agit dès lors du plein et redoutable exercice de la liberté, aller et venir sans but ni attente, rien d’autre que la sensation animale d’une respiration indispensable et quasi jouissive. Être vivant, ni plus, ni moins, témoin d’une banalité confrontée au paradoxe de l’étonnement. Qu’est ce que je fous là? Rien, et alors?

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 2

La scène se déroule dans un décor de Western, au sud de la France, quelque part sur un causse. Lumière aplatie, un homme aussi. Le soleil est au Zénith.

Le gars est par terre, sur le ventre, allongé sur un tapis d’herbes sèches. La tête est rouge. Le sang masque une plaie dissimulée sous une bouillie de cheveux. Le regard de Mathieu se porte au cou. Il est bien entamé. Probablement l’est il par le tranchant de la pelle qui a été jetée à ses côtés.

-c’est pénible.

Un gendarme vient de vomir dans un buis couleur rouille, sec et cramé parce que les buis sont attaqués par des papillons asiatiques. Oui, le péril en la demeure est asiatique, comme le frelon du même nom qui lui, serait venu de l’autre côté du monde via le port de Bordeaux.

Le gendarme Le Notre s’épanche dans les buis et s’essuie la bouche du revers de son bras :

-Que dites vous commissaire ?

-Ca ne va pas les aider.

-Qui ?

-Les buis.

-Trop de virages en voiture .

-C’est embêtant cette tache de sang, sur mon col de chemise.

-Hein ?

-c’est toujours comme ça, en fin de semaine, après cinq jours à se raser, la peau est irritée, je saigne et donc, je tâche.

-Vous trouvez que c’est le moment pour ce genre de réflexion ?

-C’est pas une heure pour vomir non plus et ce n’est pas le bon jour pour se tâcher. Je suis de mariage, ma fille, cette après midi, vous comprenez ?

-Qu’est ce que vous faites là ? c’est la brigade qu’on a appelée.

-Je me suis arrêté à cet endroit parce qu’il était simple de se garer sur ce bas côté. J’avais comme une envie de pisser. Après, chacun son truc et, c’est moi qui vous ai appelée.

J’aurais aimé inventer un roman policier. C’est l’histoire d’un flic qui appelle les gendarmes pour un meurtre. Il aurait commencé comme ce qui précède.

PARENTHÈSES SENSIBLES ET DÉSORDONNÉES 1

Avertissement :

Dans l’ordre d’apparition, c’est ainsi, selon moi, avec la même précaution qu’au cinéma, qu’on se devrait de débuter tout ouvrage religieux ou d’essence spirituelle ou romanesque:

toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé, ne serait que fortuite. Ou pas.

Ainsi, je m’autorise à décrire ou inventer des histoires proches d’une fiction. Qu’on aime à les imaginer, qu’elles eussent existé ou bien qu’on y ait songé, en somme, j’en aurai fabriqué sous ce qui suivra, avec des faits réels ou arrangés à la sauce composée. En résumé, on appelle ça écrire des salades. Chacun s’en fera un avis.

Exemples maintes fois exposés par ailleurs qu’en mon essai :

l’homme antique qui marchait sur l’eau, ou celui qui tirait à l’arc et qui volait aux riches, pour donner aux pauvres.

Quant aux noms et aux prénoms utilisés à dessein de vous perdre dans une fiction à l’appellation non contrôlée, j’en suis désolé, mais quoique qu’on tape sur un moteur de recherche, tout y est, tout est pris. Essayez, inventez un nom complété par un prénom de votre choix et cherchez. C’est surprenant, tout le monde existe. Ainsi ai-je tapé sur mon moteur de recherche et croyant l’inventer, facétieux, Jules Dieu. Qu’il me pardonne ce Dieu, quand bien même un Autre aurait dit « me chercherais tu encore, si tu ne m’avais déjà point trouvé ? » Quand je prétends que c’est incroyable et bien moi je l’ai trouvé. J’en suis même à me demander si ce que je vais écrire n’est pas déjà publié et trouvable sur le net, de manière à me décourager d’en inventer encore.

J’ai tout de même essayé, prétentieux j’imagine, écrire ce que je n’ai jamais lu.

TOMBER

Chaleur, pénombre autour du bureau, béantes, deux fenêtres embrassent l’extérieur. En face, sur les traversiers, l’herbe est desséchée.

Devant un écran d’ordinateur, Bonhomme somnole. Il se réveille, par à-coups. Vient un bonheur qui ondule et se meut en frissons sur les épaules, le dos. On dirait que Bonhomme pleure. Bonheur lui enlace le torse et lui comprime les côtes, en douceur. Le ventre exprime l’indicible, il étreint le coeur, semblable au soupir au bord d’un quai. Les tempes battent la chamade. Elles vibrent de l’intérieur sous les coups d’une petite musique qui se veut lancinante.
L’orage qui s’annonçait hier se précise. Il tourne autour, se demande si çà va, que c’est le bon endroit et tout et puis quand il voudra, de toutes façons…. Hier c’était les frissons, aujourd’hui c’est l’impatience. Les fenêtres ouvertes, et c’est par là que çà vient. Faut pas attendre, faut juste que çà puisse entrer et puis c’est là, sans qu’on l’ait vu, sans qu’on y croit.

Ce soir, Bonhomme ira voir les astres. Il regardera sous la jupe du ciel. Il y verra des milliards d’étoiles. Se tournant, il fixe la fenêtre. Il ne regarde pas, il considère. La lumière du soleil quitte le traversier. Il est déjà ailleurs mais ne s’en doute pas. Il ferme les yeux. Les fenêtres baillent en laissant rentrer des vagues d’air tiède.
Bonhomme s’étire, pense aux étoiles. Que c’est drôle là haut, que c’est grand, au moins grand comme çà. Il regarde le tiroir ouvert à côté, son ciel à lui, son essentiel, y’a des élastiques et des vieilles cartes de visite, des cartes écornées de gens qu’il ne visitera jamais, des paquets de tabac recelant quelques miettes sèches et des feuilles à rouler au cas où y’en a plus. A côté du ciel étoilé, ça fait petit son trésor. Là Haut, C’est pas un p’tit tiroir qui dit, c’est au moins une grande armoire. Il pense que la moitie de l’humanité n’a plus accès au ciel, condamnée sous la lumière des villes à regarder ses pieds. C’est triste pour ces gens, plus d’éternité, plus de liberté, encore moins que dans son tiroir où y a aussi des trombones pour se gratter les oreilles, et puis, y a une belle photo, forcément qu’elle est belle, forcément. Il regarde à gauche, la fenêtre a bougé et y’ a quelque chose, autre chose qu’un courant d’air, il en est sûr. Le pépoil des bras se redresse et la chair de poule frise. C’est un sensible Bonhomme, il devine comme posé sur le sol, à deux pas, y a comme un truc, il ne se lève pas. La dernière fois qu’il s’est levé pour voir, cela aurait pu s’effacer sans dire ouf…Et là c’est écrit, c’est toujours écrit, deux fois plutôt qu’une, c’est écrit, amoureux, sur le sol.

LES MARGOULES 5ÈME ET FIN

-A croire ce qu’il s’en dit, le Margoule viendrait ici pour y rechercher le soleil…
-le farniente ?
-Oui ‘MOS sieur’, ce désœuvré, ce fainéant cultive de l’oisiveté dans la paresse !
-c’est moins nocif pour la société que de traiter des oignons comme un champion cycliste.
-on imagine le margoule moyen fuyant, l’allégresse des cités radieuses.
-Et c’est agaçant ta façon de parler beau. Tu y connais quelque chose aux cités toi ? Pour moi, un étranger quelque soit l’endroit d’où çà vient, çà vient toujours d’ailleurs, Hein Edouard ?
-Oui Armand…
André, ouvrant le jeu :
-C’est impossible autrement, sinon il n’est plus étranger. Et avec vous, pas besoin de venir des antipodes, ou par delà la grande bleue, l’ailleurs c’est aussi bien le département voisin, ou la vallée d’à coté.
Armand fournissant la couleur :
-Qui joue carreau, n’est jamais capot.
-En tout cas, c’est un ailleurs dont on ne s’attendait pas qu’il fût si proche.
-C’est incroyable, qu’il leur soit possible d’en venir.
Elton rigole :
-Tout dépend de l’étranger. Avec un accent du nord et s’il achète très cher la vieille masure de feu ton oncle à demi écroulée, ce n’est plus vraiment un étranger. Coupé…
-Tu es sûr que tu n’en a pas ?
-De quoi acheter ou de la couleur demandée ?
-Tiens, tu voulais des points, tu n’auras que des brelles…
-tu te rends compte qu’on est ensemble ?
-Oh là, je me perds, dame de trèfle…Mais moi je travaille, eux, ils se mettent au R.M.I et ils se la coulent douce. Cà tombe tout seul, comme çà pas besoin de faire suer la terre !
-Pour faire suer la terre il leur faudrait du cœur au ventre.
-Tu as dis cœur, figure ?
-Eh oui, pas trèfle !
-On n’est pas à la parlotte, ici ce n’est pas le bar de la marine…
-Le roi de trèfle n’est pas tombé ?
-Tu es brave.
-Comment est il arrivé là, et par quels chemins ?
-Quel impertinent hasard l’a guidé jusqu’ici ?
-Mais au fait, qui lui a dit de venir ici et pas ailleurs, autre part, plus loin, chez d’autres ?
-autant dire chez des étrangers.
-t’étrangles pas comme çà ! Et oui je recoupe…
-Entre étrangers, ils auraient pu s’entendre. Ramasse-toi, au lieu de bailler aux corneilles…
-Ah, tu nous fais du mal à parler comme çà !
-tu ne veux pas que je m’excuse ?
-pose la, ton excuse…
-Eh, mais pourquoi viennent-ils déranger notre sérénité et trahir notre inquiétude ?
-Fan, Elle finissait quand même par s’ennuyer ton inquiétude !
-Tout cela fait beaucoup de questions, trop d’interrogations…
-çà te fait réfléchir et çà te fait du bien !
-Ah non ! C’est pénible ces questions sans réponses ! Combien d’atouts sont tombés ?
-Cà ne t’embête pas de jouer avec un étranger ?
-Et ouais, je me le demande, quand je te vois tout dépenaillé avec ton tricot, ta chemise, et ton gilet au dessus du pantalon. Avec toutes ces couches, tu es habillé comme la fusée Ariane.
-comme un vrai margoule.
-tu m’embrouilles…
-Il te reste un atout ?
-combien de temps un margoule reste t-il un margoule ?
-probablement longtemps…
-le temps qu’il considère tout nouvel arrivant comme margoule… Petit au bout.

LES MARGOULES, 4

Cicis braille :-Par Dionysos, à boire limonadier !
-Cà suffit tout de même, tiens toi tranquille. Le patron essuie les dégâts et lui ressert un demi.
-Tout çà, c’est bien des histoires, il faut bien l’étiqueter l’étranger, le ranger, le classer, avant peut être de s’en accommoder, s’il s’obstine à rester le bougre d’animal ! Hein Edouard ?
-Oui Armand…
-Etrange, celui qui dérange…
-Oui Armand…
-N’oublie pas le chien…Hein Edouard ?
Les autres, en chœur :
-N’oublie pas le chien…Hein Edouard ???
-Allez donc tirer les oreilles de Clovis et faire pisser le votre…
Elton, les yeux au dessus de ses binocles, occupé, en dépit du règlement, à classer son jeu, se balance sur les pieds de sa chaise… Margoules… Bouniouls…Pour vous, c’est du pareil au même non ?
Edouard se fend d’un vilain rictus.
-que veux-tu dire par là cher ami ?
-Je veux dire que la campagne n’aime pas trop les étrangers ! »
Dehors, des bikers s’arrêtent et garent leurs Harley sur le quai.
-Avise un peu !
-On dirait des Mongoles en pétard, des Huns qui fulminent !
-pourquoi pas Annibal accompagné d’éléphants, tu as peur qu’il piétine ton rond point municipal ? Étranges Messieurs, ces cavaliers qui viennent d’autre part…
-C’est ton jeu que tu nous décris ? Je te rappelle que d’aucune manière on ne trie son jeu avant la fin de la distribution !
Armand, toujours intéressé par ce qui se passe au dehors :
-Et çà, qu’est ce qu’ils vont nous ramener encore ?
-Que vont-ils bouleverser dans tes habitudes ? »
Lui posant cette question, André accompagne son regard vers les motards qui déambulent le long de la terrasse. Il ressert Cicis qui feint ne plus en vouloir. André vient siéger comme quatrième joueur. Il dépose les verres et garde le torchon sur l’épaule.
Elton, dans un sourire crispé regarde enfin à travers ses lunettes qu’il remonte d’un doigt :
-les pesticides dans les cultures font bien plus de mal que ces quelques bécanes
-écologiste va !
-Et voilà, suprême insulte à la campagne, se faire traiter d’écologiste… »
-Oui, parfaitement, un écologiste, c’est un parisien…
-je suis parisien Armand intervient Edouard…
Armand l’air étonné, obséquieux :
-Tu me chagrines là, on ne dirait pas. Un écologiste, c’est quelqu’un qui veut nous apprendre la vie dans la nature, c’est un margoule qui ne comprend rien aux traditions !
-pour moi, une seule tradition, en changer ! » Gueule Cicis.
Armand :
-Et change avec l’éponge qui te sert de foi !
-garde sans, à toi de jouer Armand.
-A ce propos, je vous rappelle, messieurs, qu’en plus de participer à l’effet de serre, votre écobuage portatif et individuel empeste l’atmosphère et ceci est en parfaite contradiction avec une nouvelle législation en la matière qui va stipuler…
-Ah bougre de con, va donc jouer le préfet dans la partie non fumeur !
-Qu’est ce qu’ils viennent faire par ici les motocyclistes ?
-On les connaît ces gens dont on ne sait rien.
-Eh ouais, on les connaît si bien qu’on se méfie de la peur par avance.
-Avise ! Ils veulent profiter, bénéficier, goûter, jouir, un point c’est tout.
-Comme nous dans un sens…
-boudi con, hé oui, mais dans un autre…
-hé forcément, c’est imparable.
-Le margoule est tout de même un drôle d’oiseau.
-il tombe à pic…
-hé ouais, il n’est pas s’en rappeler le martin pécheur.
-Et alors ?
-Et alors, t’as déjà vu un oiseau muni d’une carte de pêche toi ?
-Pic ?
-t’es un peu lent…
-le martin pêcheur est le seul oiseau qui soit fidèle à sa dame.
-c’est vrai, faut refaire un tour.
-parlotte
-Et bé qu’ils retournent d’où qu’ils viennent. Patron, remets moi un autre jaune
-sacrée descente, tu as une longe à pic ?
-c’est çà, je ne vais pas rester sur une patte…
-comme un flamand rose ?
-c’est un socialiste Belge ?
-Sers le qu’on en finisse !
-Top là … Ils n’ont qu’à retourner travailler, chez eux…Fan dé pute, pas trop d’eau, je te dis, tu le noies… .
-le margoule ?
-eh non imbécile, le pastaga ! »
-on est au tarot ?
-Hé non, on est aux champignons, on cherche des girolles. A suivre…

LES MARGOULES, 3

Cicis, éternel pilier droit du comptoir, roi du monologue, le nez piqué dans sa bière, éructe comme toujours avec un temps de retard :
« -Paradoxe ! Eh ben moi j’dis, c’est un paradoxe ! C’est Pourtant un produit de terroir, une appellation d’origine contrôlée. Ah ouais ! »
La cendre de sa blonde, seule compagne jusqu’ici suspendue à ses lèvres, tombe dans son demi. Il y trempe un doigt pour tenter de la récupérer. Sans succès. Arrosant le comptoir, il secoue la mousse dans le cendrier.
André affligé :
« -Tu donnes le cancer à ta bière et tu pourris mon cendrier ! »
Cicis se frotte la main sur le pantalon. Il se tourne à moitié. De profil à la salle, le doigt qui brassait sa bière en l’air, il professe :

-Le cancer de la société, c’est le racisme ! Margoule, c’est comme çà que vous désignez dans le coin, depuis la première vague du retour à la terre, l’oiseau de passage.
Elton :-En Gironde, c’est la palombe, qui effectue aussi des brusques retours à la terre. Mais c’est plus violent quoi.
Edouard :-Soyons clairs, le substantif Margoule stigmatise tout nouveau venu sans qu’on l’ait requis.
Cicis rote. André essuyant le comptoir, lève les yeux au plafond. Les trois autres attablés baissent la tête. Un client de passage, moustache V.R.P,
fait brusquement surface de son « Midi Libre ». Cicis poursuit, l’air de plus en plus docte :
-Comme exemple…
Il voit au dehors Astrid, pasteur du village, sortant du temple…
-oui comme exemple, en d’autres temps, Marie et Joseph furent de célèbres margoules. Depuis, tout le monde, un jour ou l’autre, a revêtu l’admirable parure du Margoule … encore plus forts que Salomon dans toute sa splendeur. Seigneur, même habillé en couleurs, elle n’est pas facile la vie de l’oiseau migrateur…
Il fait mine de s’envoler et marque une pose. Il avale une lampée de son jus à base de cendre et de bière, grimace et continue :
-De là, naquit peut être une inquiétude entourée de plumes. Imaginons, je n’ sais pas moi, un reliquat d’appréhension à l’évocation de ce souvenir… confus. Pas moins de deux millénaires, çà fait bail. Il lâche un deuxième rototo.
La salle gronde. Il s’énerve :
-Eructation spontanée n’est pas signe de mauvaise éducation mais d’embarras gastrique.
Rires…
L’index pointé sur André, fier de lui, il poursuit :
-Il était une fois…, un soir, très tard… un hôtelier, peu empressé d’accueillir une femme prête d’accoucher.
Les autres :
-hou !
Cicis, avec un accent très gaullien :
-Du calme Messieurs ! Eh oui, cette femme était pourtant harassée, exténuée, fatiguée, lessivée par les douleurs et bientôt submergée par des mouvements mécaniques supérieurs en nombre ! Mais bientôt debout !.. libérée !.. par elle-même !..et avec le concours des anges, de l’âne et du bœuf !
La salle :
-Arrêtez le, donnez lui à boire, qu’il se taise !
Il continue sous les railleries :
-Elle venait de vivre un éprouvant voyage à dos d’âne, petit 4x4 de l’époque
Les autres :
-Bravo !
Cicis :
-Taisez vous la piétaille, on n’est pas au salon de l’auto ! Présentée par son gentil mari de charpentier, elle n’a su pas tirer la moindre compassion de cet antique Thénardier. Nul doute, qu’en ce début de siècle, il se gavait trop de télé.
Il pointe maintenant les trois joueurs à table, l’air affecté :
-C’est comme vous, vous la regardez trop, la télé z’êtes, isostatiques !
-in-tox-iqués!
-c’est çà, Comme vous, Juste après le jeu qui veut des talents d’or, il buvait les infos sur l’insécurité, à la Fox news palatine.
-Boudu ! Il est en grande forme, hey ! C’est quoi Fox news palatine ?
Cicis imperturbable :
-Ne m’inteterromps pas. Je continue… Faut se dire qu’en ce temps là déjà, on prenait bien du plaisir à occire le « maillon faible » dans l’arène. La vox populi, toujours aussi douce et provoquée dans son bon goût, pouvait baisser le pouce pour 0,34 centimes de denier la minute. Comme vous tiens, vous êtes tous capable de tuer un âne à coups de figues molles ! A cette époque déjà, les routes n’étaient pas sures. Messieurs, l’inquiétude se sentait partout chez elle !
André :
-tu nous inquiètes bien un peu aussi…
-Laisse-moi finir taulier… Taquinée par les copains de Barrabas, la super puissance du moment, portait sa croix en traquant le zélote moyen. Les graveurs de journaux martelaient sur le marbre : « l’empire a peur ». Le marché noir prospérait.
-André, André, Andrééééé…
Deux gendarmes qui passaient à pieds devant le café se retournent. Tout le monde est hilare. Heureux de son effet, il poursuit, toujours le doigt en l’air :
-Chers compatriotes, les temps incertains remontent à la nuit des temps, date approximative de l’imparfait à titre indicatif.
Sifflets…
-Bon, l’hôtelier était sûrement un brave homme.
Il se tourne vers le patron pendant les applaudissements…-D’ailleurs, il avait tout du brave homme, comme toi André, le cœur entre le poil et la main. Hé oui bonnes gens, l’archétype du monstre moyen, tel que vous et moi, surtout lui pointant régis, et vous, bande de nazes.
Sifflets, tapements de pieds.
-Vos gueules… Il faisait son boulot, hoc ! Il s’occupait de loger des personnes convenables, des collaborateurs zélés, des racleurs de fond de pension, des retraités de l’administration romaine, des champions du gain de productivité en séminaire. Pour leurs esclaves paresseux, il avait même prévu une grange, ou ils se reposeraient après avoir portés les caisses d’annuités et les coffres bourrés de stocks option. Han ! Mais là… le jeune couple qui se présentait ce soir, ce n’étaient rien que des immigrés, des intermittents de la nationalité, des « quiveulentpastravaillerenvoulantprofitter »…
-Comme toi.
-taisez vous, gibets de radar de la France d’en bas. Et en plus, sûrement qu’il pensait que c’est moyen pour les draps, un accouchement de pauvres.
-Oh !
L’air attristé, après avoir repris une gorgée de bière :
-Hé oui, devant Marie, tétanisée par tant d’égoïsme, le pauvre charpentier protesta. Il clama que son bébé serait aussi beau qu’un messie et qu’il serait bien dommage pour les futures générations que…
La phrase en suspend, il parcourt la salle d’un œil allumé, à la recherche d’une chute convenable. Silence des joueurs de cartes et des deux mains accrochées au « Midi Libre ». Il achève :
-Rien n’y fit. Aussi sec, le taulier beuglant, lui cloua le bec.
Acclamations de la salle soulagée que cela se termine.
Cicis, heureux :
-Et depuis, çà met de l’ambiance aux marchés de Noël.
Nouvelles acclamations, applaudissements…
Il termine par un geste de la main droite, parachevant son envolée lyrique, tandis que son coude gauche dérape du comptoir ou vacille son verre de bière avant de se renverser. A suivre…

…Allons voir…

C’est mon espoir, c’est mon rosier, c’est mon amour. Je l’arrose tous les jours. Après que je l’eus laissé à son sort durant ces hivers si terribles, je l’ai retrouvé, amendé tout comme moi, nourri, et caressé sans qu’il me pique. Ces fleurs sont incroyables et personne jamais ne l’a vu ainsi, abreuvé, et donnant toutes ses fleurs, élancé et fier, et aimant. On se parle chaque matin et chaque soir. C’est mon espoir, c’est mon rosier, c’est mon amour. Je ne connaissais jusqu’ici que son nom, Rose de Pushkar, et voilà qu’il m‘apparaît et que son parfum m’imprègne, abstraction d’un sentiment qui me porte et qui se matérialise enfin tel un miracle et ne demande qu’une seule chose, comme offert et abandonné, juste aimer sans retour, certain, qu’au bout, du plus bel espoir et porté par l’exigence difficile de la confiance, qu’il sera ce que j’en ferai, mon rosier, mon amour.

Histoires simples dans un monde Kompliké, 2

Bon, on appelle çà un deuil. C’est un deuil bizarre. Habituellement quand on y pense, deuil, on voit çà comme à la suite du décès de quelqu’un de proche. Là, ce n’est pas pareil. Mais alors pas du tout. Ou alors, peut être bien que si, mais à l’envers. L’autre est parti. Mais alors parti. Plus rien, plus personne. Pas de son, pas d’image, pas de chair, pas de sourire, pas la gueule non plus. Plus rien, nada, rideau, silence, terminé. Ton cri, silence, ton cœur qui bat, silence. Ce n’est pas toi, c’est l’autre qui est parti. Silence. Tu pleures puis tu écoutes, silence. L’autre n’est plus là. Disparu. Disparu de ta vie. Disparu avec ta vie. C’est ton ventre qui s’en va, qui disparaît en toi. Silence autour et vacarme à l’intérieur. Tout s’aspire vers le ventre, vers le centre, depuis la gorge, aux tempes, au cerveau, collapse, puis au cœur, il tremble, il palpite, il t’essouffle. Ce n’est plus toi, ce n’est plus ton cœur. Tout se dissocie, ta peau s’irise, tes muscles fondent, tes pieds se dérobent. Tu pèses trois tonnes, tu pèses quinze grammes. Depuis les jambes même, depuis le sexe même, qui disparaît, des ondes, mauvaises, froides, qui tracent, qui zèbrent tout à l’intérieur et te font grimacer, puis tétaniser ; et puis, plus de parfum, plus l’odeur de l’autre, pire que son silence, son absence, dans la trace d’une dernière apparition, une fragrance, un fantôme, puis rien, plus rien. L’autre est parti mais reste en toi, pourtant t’es seul, en tête à tête avec la cruauté de son souvenir. Son sourire. C’est un deuil à l’envers, l’autre vit, rit peut être, jouis peut être. Toi, tu es mort pour lui, tu n’existes plus, tu n’existes plus, tu n’existes plus. Tu te le répètes, pour en être sûr, des fois que ce soit un cauchemar. Non c’est la réalité, t’es rayé, jeté, balayé. Un cauchemar, ce serait bien. Ce serait mieux. C’est un deuil à l’envers, tu entends l’autre qui vit, qui bouge, qui se sent mieux, sans toi. C’est l’autre qui s’en va et c’est toi qui meures à toi même. La personne à laquelle tu tenais le plus au monde n’est plus là. Elle ne te veut plus. Silence.

Noz vad

Ce soir, je pense à cette petite famille de Dhulikhel, à la Shiva Guest House, le dal bath et le riz à la cocotte qui siffle sur un feu de bois, les « collines » à 3000 m, les parfums de fleurs, les poules qui gambadent entre les rangs des plantes qui font rire, les gosses qui poussent inlassablement les pneus recyclés en jouets dans les ruelles pavées.

Ce soir flotte un parfum d’encens dans ma petite bicoque que je pare de jour en jour de toutes les couleurs imprimées depuis dans mon cœur. C’est une veillée.

Demain c’est le grand voyage, on largue devant, on largue derrière. Je pars dans le sommeil comme on quitte un quai discrètement, sans la trahison du moteur, avec une voile d’avant vers le pays des songes et retrouver la trace laissée il y a quelques années. Reprendre enfin le chemin de mon chemin. To be in the right place in the right moment, qu’il m’avait dit.

Voilà, c’est le bon moment. Demain, quoi déjà ? Oui c’est demain, demain de bonne heure, un autre regard, le mien, vu de l’intérieur. Demain j’irai nu dans le bois, retrouver mon arbre et lui promettre de ne rien oublier, ni lui, ni moi. J’irai tremblant dans la fraicheur de l’aube, les pieds dans l’herbe tendre et je l’embrasserai. Nous parlerons ensemble et puis sur ses conseils, oubliant d’avoir froid, oubliant d’être nu, j’irai faire ce pourquoi je suis là, aimer et le dire à ma manière, ajusté à mon regard. Je reprendrai mes vêtements, ma caméra, et le cœur ramassé au fond du sac et qui va avec.

Ceci n’est pas un arbre

Alors c’est comme çà…comme une intro d’une chanson des Rita…c’est ainsi que tu te retrouves nu dans ce jardin d’Eden, dans la brume, dans le froid qui irise ta peau ruisselante des gouttes qui tombent des branches. Tu les écartes en avançant dans le bois qui cerne ta maison de Hobbit. Et là tu te trouves moins fort que le Lila qui s’épanouit sous un ciel tout gris. Il y a plein de monde tout autour, des oiseaux, des insectes, des bêtes un peu plus grosses et rustres, à un poil près. Tu n’as plus envie de les appeler par leur nom, tu t’en fous, ils n’ont point d’autre nom que ceux attribués par les humains dont tu sens bien que tu ne fais déjà plus partie. Tu avances nu et fragile, inadapté à ce qui te semblait pourtant si familier, si proche, si beau. C’est un matin, comme çà où tu te lèves et tu pars nu dans la nature qui semblait t’appeler comme pour un grand voyage inorganisé. Sans carte, ni boussole, ni plan, ni même idée de ce qu’il adviendra. Qu’importe si tu sens bien que tu as froid, que la peau partage le même frisson qu’a ressenti ton âme, il y aura au moins accord, un camaïeux de température visible par tous les esprits qui trainent entre les arbres et de l’autre côté de la glace sans tain, un miroir semi réfléchissant, comme toi ce matin, où toute pensée est vaine qui ne s’absorbe que pour une moitié dans ce monde étrange des humains. L’autre moitié s’échappe vers l’inconnu vers cet endroit que tu chéris, ce passage qu’il t’est impossible de révéler, au contact du tronc de cet arbre que tu aimes bien et qui te le rend bien. Alors, figé comme un tremble à l’aube, tu te colles à l’arbre, sentant sur ta peau la mousse et l’écorce, la douceur et l’âpreté, l’odeur et le parfum, l’amour, celui là que tu guettais toute la nuit jusqu’à ce que le jour vint et t’invita ce matin, à sortir de ton lit pour aller enlacer, celui qui t’attendait, cet arbre qui ne ment pas, qui ne parle pas, qui ne sourit pas, mais qui t’enroule et te couvre d’un seul frisson de bonheur, celui d’un espoir, celui qu’il cultive depuis si longtemps qu’il pousse et qu’il t’offre à partager ce matin, nu dans ce jardin d’Eden, dans la brume, dans le froid qui irise ta peau, ruisselante des gouttes qui tombent des branches.

Lune


La lune, mon amie, ma douce, permet moi de te retrouver en mer, seul, avec ton reflet sur l’eau que j’embrasse dans le scintillement du plancton révélé par la grâce de la vague d’étrave qui glisse le long du bord, permet moi la rêverie éveillée sous la robe du voilier, permet moi d’oublier, jusqu’à mon nom, jusqu’à moi même, jusqu’à ma destination, jusqu’à ce que mon cœur palpite au rythme du rythme du vent perçu dans les oreilles au portant et que tout amour s’efface et s’engloutisse dans le sillage afin qu’il ne reste que toi et moi dans la nuit au milieu de nulle part, flottant dans le cosmos salé comme des larmes abandonnées, et que j’oublie à jamais les mauvais chemins de terre pour mieux te retrouver au gré des flots sous ta sollicitude et ton amour si doux.

Ciné Phil

Pelo Malo, Cheveux Rebelles…Un beau film de Mariana Rondon, Vénézuela. Ça me fait rire, cheveux rebelles. Je pense aux miens qui poussent à l’envers. Je les aime. Ils vont vers l’intérieur.

Des beaux plans, très beaux. Mais la misère, même bien filmée reste la misère. On peut parler ici de pauvreté, nuance qui échappe parfois. La mal vie quoi. C’est long, c’est long, c’est long. Dans les cours, au pied des immeubles, sur les tourniquets, des enfants. Nait ce dégout du lait. Je m’en souviens. Les barres d’en face, les tours qui s’élancent, moches. Les balcons bigarrés. Les balcons tristes. Les balcons bordéliques. Les balcons des absents, de ceux qui s’engueulent, de ceux fument, de ceux qui regardent, de ceux qui s’emmerdent. Les balcons des enfants, des enfants trop petits pour voir par dessus, alors ils voient entre. Et elle fait quoi ta mère ?

Junior qui a des cheveux frisés et ben Junior, il veut des cheveux lisses. Junior est encore petit mais déjà grand. Il est l’homme de la maison. Enfin, il devrait l’être aux yeux de sa mère qui est une jeune veuve. Son petit frère est câliné, pas lui. Sa mère lui reproche ce qu’elle lui semble être, un enfant qui voudrait être une fille, homosexuel ? Enfin, différent. Junior s’ingénie à lisser ses cheveux, jusqu’à se mettre de la mayonnaise sur la tête. Sa grand mère lui taille un costume de chanteur. Sa mère veut reprendre le poste de Vigile qu’elle a perdu. Sa mère baise avec le beau jeune homme. Moment cru mais vrai, sans fioriture, comme l’amour au cœur de la cité. Sa mère couche aussiæ avec un gros porc, clé indispensable pour reprendre son boulot. C’est une femme qui filme. Çà se voit, çà se sent, çà s’éprouve. Merde, prendre une douche après ce gros dégueulasse. Le robinet, forcément, panne de flotte, rien ne coule. Ben si, justement.

Un beau film, sans faux-semblant, Cheveux rebelles, Pelo Malo, de Mariana Rondo, à voir…

PM.

M’sieur l’agent

A mesure que se précisait le regard inquisiteur d’un représentant de la marée chaussée, ci devant toi, arque bouté comme un colonel de Maupassant, la vie te semblait à cet instant aussi ridicule qu’étroite à l’image d’un goulot de péage. Résolument droit dans ses bottes, tel un ministre sûr de sa réforme, il tenait à la sortie de l’octroi autoroutier une allure digne d’un tribun de l’Assemblée Nationale.

Alors que tu avais oublié qu’on ne pouvait rien te reprocher, il tançait ton inconscience de son imperceptible mouvement de moustaches, déjà bercées par les mouvements de tes essuies glaces. Jusqu’à ce qu’y défile, devant le pare brise, ta ci-devant vie de contrevenant :

-mes pneus de l’avant que j’ai mis à l’arrière sont ils lisses ? Mes papiers, merde, mes papiers, non ils sont là…La ceinture qu’est un peu pétée avec un nœud dedans, ’y doit pas voir…Eteindre les codes, y’a un feu qui marche pas…Trop tard. Et la plaque, y’a un 03 derrière et un trente devant. S’il est dislexique à tendance atrabilaire çà va pas lui plaire. C’est bon, le papillon d’assurance que j’ai posé est toujours là ; mais ça fait deux ans qu’il est là…

-Ne pas faire attention, non ne le regarde pas, mais c’est qu’il avance le bougre, hummm, « n’ayons l’air de rien… »,

-bonjour Monsieur, Gendarmerie Nationale…

-Bonjour, mais çà m’étonnerait monsieur l’agent, apparemment je ne suis pas dans un bon jour.

Tout a commencé comme çà, j’ai tout de suite senti qu’il n’avait pas aimé, le « monsieur l’agent »…

Histoires simples dans un monde Kompliké

Pépère Le Tragique côtoyait ce matin l’immonde en attendant l’aberrant. Il sifflotait au volant. Philosophe à sa manière, il s’était accoutumé à puiser l’éphémère dans la vacuité. De son métier, il conduisait un camion citerne munie d’une pompe à merde. A la vidange d’aujourd’hui s’ajouterait un incident facheux qui tache la chaussée. Pour honorer à l’heure le curettage d’une autre fosse un rien septique mais engorgée, il trimbalait sa mixture à la vitesse des affaires courantes.

Descendu de son camion, il ne cessait de répéter :

-merde, merde, merde comme la couleur de ce qu’il transportait dans sa citerne.

Il venait de m’écrabouiller comme une m…

Et voilà comment, j’aperçus se pencher sur moi le visage du vidangeur, qui me barrait mon ciel de son bleu de travail. Il me restituait son odeur, alors que je m’apprêtais dans des parfums d’encens, à voir le visage multimillénaire d’un dieu barbu sans aucun doute courroucé d’une telle ineptie, à savoir un ramasseur de crottes s’interposant entre moi et LUI.

Pour le troisième larron, çà n’allait guère mieux. Nouvel Attesté aux Premiers Secours, il maudissait sa conscience qui le titillait et le sort qui l’avait amené en cet endroit précis du destin et du récit. Il terminait son plein d’essence à la station de l’autre coté de la chaussée, lorsqu’il entendit les coups de freins.

Il avait acquis son diplôme de secouriste sans sourciller et au hasard d’une formation tous frais payés par le conseil general et avait comme tout à chacun, oublié sa mémoire,car pour vivre heureux il faut oublier, ce qui se conjugue, à titre indicatif, au présent. Agenouillé comme un participe compassé, il se fendit d’un très mal assuré « monsieur, est-ce-que vous m’entendez…là ? Ah, là non plus pensait-il, en se pinçant les lèvres. Il ne savait plus quelle suite on donnait à la question formelle tandis que lui tombait de la poche, son téléphone portable. La chute de l’appareil lui indiqua du même coup, au profit du gisant, ravalé au rang de mannequin, la possibilité d’une suite utile à son embarras, à savoir appeler au secours. Après m’avoir, de façon parfaitement inappropriée secoué, bien que supposé malheureux et étendu, il provoqua la stupeur du chauffeur et du pompiste arrivé derchef, en me laissant retomber sans ménagement, dans une maladresse facultative. Il ramassait à présent les morceaux. Son téléphone disloqué sous le choc, il ne pensait plus au paltoquet inanimé. Un bouchon s’était formé et l’on entendait à présent des coups de klaxon. A ses oreilles, ces proclamations sonores ne revêtaient pas plus de délicatesse qu’un gloussement de dindons éructant leur désarroi de vivants devant l’inexplicable attente. Tout cela en rajoutait à la confusion, et à la pollution, quand nos deux témoins abandonnèrent à la perplexité du pompiste et dans un bel accès d’inopportunité, mezigue accidenté immobile, pour peu qu’on me laissât dans ce moment d’extrême solitude, pour s’enquérir de la circulation. Ainsi sont les humains devant l’improbable, tout à la volonté instinctive d’assurer la continuité et la fluidité du traffic. Et je zieutais tout, d’en haut comme il se doit . Enfin comme dans les histoires de vie après la mort, où on ne sait pas bien si l’on rêve ou bien si l’on rêve. Dans ce cas, j’eus bien volontiers parlé de cauchemar, mais en l’absences de douleurs, d’angoisse et d’apesanteur et sans ennui de cholestérol, je me contenterai à risquer de penser que la chose était pour le moins bizarre. Finalement, vivrait on sa mort comme on a toujours vécu sa vie ? A suivre demain peut être…

P’tit vélo

Un p’tit vélo dans la tête, vaut mieux l’avoir sous son cul. Mon vélo, il est beau. Il est tout jaune, et puis à l’arrière il sort du cadre, il est tout rond et accompagne la roue dans cette courbe magnifique qui me fit l’applaudir avançant dans une rangée de bikers lorsque je l’accompagnais à pied au sortir d’un mécano moto pour une petite réparation. Enfin une opération. C’est un être vivant. C’est mon vélo. Et Il ne faut pas le vexer, par exemple dire de lui que c’est une bicyclette. Non c’est un vélo. Quand il roule, je l’entends, comme une horloge, un cliquetis qui donne l’heure à chaque coup de pédale avec trois minutes dans chaque seconde, avec le temps à rebours, avec une vitesse incroyable, pas celle du tégévé, non celle qui va plus vite, à la vitesse de la lumière, à la vitesse de l’amour, cinq fois plus vite qu’à pied, et toujours avec plaisir, celui de l’enfance dans ce qu’elle a de meilleur, l’innocence de la découverte, juché sur la selle ou bien en danseuse. Oui, t’as beau être un mec, sur un vélo tu peux devenir une danseuse.

Un jour j’irai là bas avec. Et lui me regardera passer, sur mon vélo, un p’tit vélo dans ma tête et sous mon cul.

C’est dimanche, on dit ce qu’on veut

L’intention de poser un acte minimaliste sur une feuille imaginaire est en réalité aussi éphémère qu’un assemblage de pensées sous un ciel étoilé. Ainsi je souligne toute la vacuité qui accompagne le cinéma permanent des pensées qui défilent dans nos têtes, comme les nuages dans un ciel de traine.

Faire de ce moment où les phrases se déroulent dans la tête, la nique aux actes manqués. Soupirer dans un regret qui se loge dans le confort d’une larme.

Faire de cet instant qui débute en se roulant une clope, une introduction, allumer la thèse, tirer quelques taffes en antithèse et écraser le mégot en guise de conclusion.

D’un pied assuré j’éloigne ce qui fut un incendie de bouche et je le dégage plus par confort que par mépris des pensées qui sont trop obsédantes pour être tues.

Je ne fumais pas lorsque j’étais collégien. L’union poisseuse de mes poumons et du goudron fut entérinée lors de mon entrée à l’école des mousses où je reçus entre autres 16 paquets de gauloises, et à bout filtre sur précaution et circulaire de Madame Veil. Ah oui, je suis passé maitre dans l’art de la digression et à la gitane sans filtre à l’école de Maistrance.

Une Kop

mOMO, tiens c’est drôle de l’écrire comme çà, chez elle, les majuscules sont à l’intérieur. C’est comme un OHM pacificateur et plein d’énergie régénératrice.

Elle est bien Momo. Je ne peux pas l’appeler ma Kopine, c’est la Kopine du monde entier. Elle n’appartient à personne. Elle qui donne à tout le monde. Elle est toujours là, fumant comme trois sapeurs ou bien les hussards ou bien ceux de la garde, s’agitant avec ses petits bras qui enveloppent tous les ceusses qu’elle rencontre dans l’affection, la compassion, ou bien dans l’amitié qui n’est pour elle qu’une déclinaison d’un nom commun d’amour.

Mais Fais gaffe, elle pourrait te Kasser la gueule si t’es malpoli avec la vie. Avec elle c’est le temps des cerises et elle s’en fout des noyaux.

Voilà, c’est comme çà, elle parle tout le temps, et quand la bouche se tait, le front ou les yeux relaient le message par les mains qui s’agitent comme celles des sémaphoristes anciens.

Elle fait souvent référence aux bouddhistes tibétains et elle s’est découverte cousine du moulin à prières. Comme on dit « tu mets vingt centimes » et hop çà roule, l’ancêtre du fax, et elle en envoie tout azimut et à profusion des messages et des pensées qui aux uns qui aux autres qui les reçoivent toujours à l’heure et pour le bien.

C’est la figure vivante de ce que les femmes ont apporté de bon depuis 68, au moins, voire avant JC, et jamais en reste pour ouvrir sa gueule, tout en tempérant sa verve impétueuse et à la fois sensible. Avec elle, la Gauche n’a pas plus de bord qu’elle même, haute comme trois pommes qui, toutefois toutes les trois réunies, sont bien moins grosses que son cœur débordant et qui en a connu des barricades et des défaites qui en eurent laissé d’autres déconfis mais dont elle a su tirer toute la force de conviction et le sens du discernement.

Et elle déborde de tous les clivages sans jamais se renier et donne à qui veut l’entendre de la sagesse à revendre autant que de la révolte jamais en solde mais toujours abordable. Momo on la dirait sortie d’un scénario de son copain Milesi.

Momo, c’est de la Méditerranée qui sourit et qui se moque d’elle même, avec ses nappes à fleurs en plastique et les bols tout en jaune pétard, décorés d’olives noires, un ti brun de… « C’est tout p’tit chez la mère à Titi », mais, çà va bien, parce que c’est simple et que çà cause dedans, ce bol toujours rempli à ras de bonnes choses quand le reste du monde et l’amour et la vie te font la gueule et ne te présentent, loin de sa Mare Nostrum, que la vacuité des marées basses de chez la mère Poularde.

Momo, tu ne la connais pas ? Attends, je te la présente, elle n’est pas encore arrivée que déjà tu l’entends. Ecoute bien, t’entends la mère… ?

Kafé

Et j’ai retrouvé mon Kafé, mon troquet, mon rad, ma baignoire, ma résidence secondaire, mon Tournesol, rue de la Gaité. Rue de la Gaieté, incontournable, quand on a le cœur à l’envers, rien d’autre à faire que de le tourner vers un soleil imaginaire.

Assis là bien avant l’heure, regardant par la vitre la queue qui se forme au théâtre Rive gauche. Regardant tout ce monde qui s’anime dans les lumières naissantes d’une rue qui vibre dans les faisceaux rouges, jaunes, bleu nuit. Les scooters alignés comme des chevaux amarrés devant un saloon, attendent sans boire tandis qu’on vide les verres à l’intérieur. Glaces, reflets des bouteilles du comptoir assailli. Et Je l’ai retrouvé mon Kafé, à cette heure plus tardive, moi qui venais ici pour écrire le matin. L’heure est au jazz, à la fusion, aux tapas, à la Guinness, ou bien au Bordeaux, au bien au Sancerre, ou bien, ou bien. C’est là qu’elle a donné rendez vous, celle qui m’enveloppa une nuit d’ivresse dans l’abandon éternel. C’est là qu’il vient aussi celui qui m’offrit son toit, sans paroles, avec la plupart du temps un silence saisissant, un partage sans fard, des fruits d’une défaite déjà vécue. Je la vois passer dans la rue, une fée dans la rue de la Gaité, elle se retourne comme attirée par la vitre. J’ai retenu la table contre vents et marées, dans le brouhaha d’un bistrot bondé. Elle me dit vient on va dehors, y’a un coin sympa. Il est des batailles illusoires. Je l’ai retrouvée, celle qui me fit faseyer comme un tapis souillé et que l’on secoue des bottes qui s’y sont essuyées.

Rouge, rouge, Bordeaux et douceur d’une sèche allumée, et à passer ce temps à dire, au plaisir de se retrouver entre les tables en désordre, entre tous ici, venus étancher la soif de se voir. Et puis il arrive, mon pote, mon ami, celui qui est. Et on est bien, et on est bon, et ils sont beaux, et je les aime, mes amis, mes poteaux, ceux qui ne sont pas moqués lorsque les larmes sortaient au milieu d’une grande marée et qui mesurent avec moi le chemin parcouru. Et j’ai retrouvé mon Kafé, mon troquet, ma baignoire, ma résidence secondaire, mon Tournesol rue de La Gaieté.

Et je n’ai rien oublié.

Kapitale

Un p’tit bonheur, débarquer au matin sur le quai et humer l’air de la ville, mon exotisme, mon parfum d’ailleurs, en attendant, c’est promis, celui d’horizons plus lointains.

Loin des Kabanes et des langueurs propres au lutin, s’ébaubir, écarquiller les esgourdes et les narines, sentir et éprouver l’odeur de la gare comme un petit garçon qui respirait avec délice les volutes d’une mystérieuse gitane, semblable à une copine accrochée à la bouche de sonpère. Descendre dans le ventre de la bête et retrouver le parfum du métropolitain, qui sent tout, jusqu’à la plus exécrable des effluves des cuistres mal appris, à la plus capiteuse des fragrances d’une femme qui parcourut avant moi ce couloir, tout cela rehaussé par l’émanation sucrée des freins de rames chauffés à chaque arrêt. S’abandonner dans la lecture chaotique des visages pâles à déchiffrer. Et comme eux blanchir sous la lumière des néons, dans les tunnels du temps qui passe et au sortir retrouver d’instinct cette allure empressée du parisien qui s’en vient.

Kabane

C’est un p’tit bout de cabane, qui sent bon l’temps qui passe entre les planches mal assemblées et couvertes d’un goudron qui te prennent dans leurs bras et çà sent la souris ou bien le délice du temps passé et t’y restes enroulé comme entre deux seins, sous un fatras de tissus, d’outils épars et rangés, en désordre, ou bien pensé, et les tiennes s’y collent comme elles aiment à rêver, enlacées dans l’assemblage hétéroclite, de tissus et bouteilles, de peintures et valises et tout çà s’entremêlent et te happent comme pour t’inviter au voyage, dans un univers si petit qu’il en devient immense et t’impose à jamais un billet sans retour où çà sent bon l’amour et ton âme y revient bras dessus, bras dessous avec le cœur qui chavire quand tu y penses, au p’tit bout de cabane, qui sent bon le temps qui passe, à rêver, à aimer.

A la taille d’un Hobbit


C’est ce qu’en d’autres temps, autres bâtisses, on appelait une meurtrière. Ici, je l’appelle une vivrière. Sorti, je la remarque tout à coup me retournant. A gauche de la maison, une fenêtre écarte les pierres, large de quelques centimètres, haute d’un demi mètre. A la base, une lumière scintillante. Je la reconnais, c’est ma bougie, une flamme toute petite et pourtant je ne vois qu’elle. Une flamme entre les pierres, comme celle qui brille résolument au fond du cœur. Une réplique. A droite sur le mur, une pierre comme un cœur renversé. La façade de ma maison traduit exactement l’état du moment. Ma maison est vivante. Elle parle. Elle traduit. Elle réchauffe. Elle couvre. Elle m’enveloppe de sa douceur et de sa bienveillance. Elle est petite. C’est la maison de. Bienvenue, à l’intérieur tout est magique. Ici, pas de faux semblants, pas de langue de bois, tout est surprise. C’est la maison de Philutin. Bienvenue

My Incredible India

Cà se forme, çà se prépare, çà se conçoit et puis on y va. Bonchivalla, t’es surement plus là, t’as dû prendre la troisième porte. Mais quand même t’es par là.

Envie d’y revenir. Partager ces moments fabuleux avec toi, assis sur un banc près d’un vendeur de thé. Une boulette, et hop un tchaï, et puis assis tous les deux. Toi le vieux enturbanné et moi à côté. A regarder pendant des heures, la mosaïque improbable, l’infinie variété de la rue indienne. A regarder passer les gens, les fluets, les flics à la moustache, les filles habillées à l’occidental, les débonnaires à l’abdominal proéminant, fendant la foule comme le bulbe d’un cargo, les mecs aux lunettes chébrans, bardés de chaines plus ou moins en or, les femmes en sari, les gosses courant dans tous les sens, les vaches qui passent et qui repassent et puis les singes qui dévalent des façades jusque sur les tôles ondulées des chops dans un bruit fracassant. Qu’importe les culs noirs, mais les culs rouges alors gaffe. Ils effraient tout le monde. Sauf Bonchivalla. S’ils font fuir tout le monde, ils ne nous ont pas fait pas plus d’effet qu’une bande d’espiègles, d’effrontés, de maladroits sournois va. J’ai vu un cul noir arracher d’un fil à linge sur le toit d’une terrasse, la petite culotte d’une touriste avare d’une banane…Le cul rouge lui, il sen fout, c’est un bandit, il sème la panique. Avec le vieux on n’a pas bronché, on est resté assis, comme on était depuis deux heures. Les singes se sont arrêtés devant nous après avoir fait fuir un jeune homme effrayé. Ils nous ont dévisagé comme si on portait sur notre nez la couleur de notre cul, probablement rouge ont ils pensé. Moi j’en sais rien, il devait être bleu à force de rester assis sur le bois dur. Et le vendeur de thé de s’impatienter de nous voir trainer ainsi sur son gagne tali. Et puis Bonchi, m’a regardé en souriant, et on est parti. On a enfourché sa 250 Royal Enfield, avec deux superbes bidons de lait en guise de sacoches. Je me suis enturbanné aussi et on a fendu la foule et l’air et la poussière, en chantant… Ram Ram…

Longtemps je me suis levé de bonne heure

Petite musique trainante, Philp écoute Fip. Au hasard des paroles captées d’une chanson, le cœur se rétracte. Il fait suivre le message à la tête, là haut, qu’il se passe quelque chose. Petit bureau dans une ville de province où les Marcel se couchent de bonne heure.

Je me lève tôt et je passe à la ligne. Envie de partir là où le tumulte exulte. Là où les parfums soulignent les odeurs. Là où un éléphant surgit derrière un rickshaw qui évite une vache qui boulote un carton, dans un concert de klaxon qui fait oublier les nids de poules au promeneur indolent bousculé par la foule. Envie de retrouver l’odeur du grésil à l’aéroport et retrouver my « Incredible India ». Là où le voisin au sortir du lit, vient te saluer la brosse à dents en action, de la pâte plein la bouche, là où on te demande mille fois, si çà va, si t’as besoin de quelque chose, si t’es perdu, d’où tu viens, si t’es marié, combien d’enfants tu as et puis là où on ne te demande plus rien sinon que d’exister et poursuivre ton chemin. Envie de partir pour mieux te retrouver, t’es où dis ? Pour mieux s’oublier, s’éprouver, « un ptit pot de crème dans la vie… », une chanson de Mathieu Boogaerts dans la tête ou bien dans le cœur qui fait de la place, toute la place, pour y laisser revenir le bonheur.

Petite musique de pluie

La pluie tu fais chier, qui prend mon coeur pour un buvard, çà tombe et çà dévale dans mes gouttières et çà mouille mon crâne à l’envers et le vent qu’est froid et les nuages courent au dessus des toits. Envie de danser. Envie de parcourir la ville sur la bande son de Pina, de Wenders. Envie ou bien, ou bien de rire ou bien de pleurer, ou bien les deux, soyons généreux et puis danser, danser, danser. Au bout de la rue trouver un piano et jouer, jouer, jouer. Jouer sur un piano solo et dans la rue et sous la pluie et nu. Et se laisser dériver et comme Novencento, crier au cul ! et se rouler sur un clavier, attendre les yeux au ciel que joue Eleni, Karaindrou, Eternity and a day, prendre à gauche jusqu’ In the mood for love, glisser en mode mineur jusqu’au bas de la rue et partir comme un bouchon, sur une eau tumultueuse, à caresser les paves, et puis nager, nager, nager dans Métamorphosis, de Philip Glass.

lettre à la moulinette

Tu veux avoir de mes nouvelles mon ami. Tu dis même un brouillon, une feuille déchirée. Je m’en étais abstenu. Reclus. Une feuille déchirée, oui, çà me parle comme l’évocation d’un chiffon qu’on presse, qu’on tord qu’on essore et dont on tire tout le jus jusqu’à la dernière goutte. Je suis un chiffon. Je suis un coquelicot. C’est une fleur en chiffon. C’est un cœur en papier crépon. Tu veux savoir ? Le soleil me parvient, en huit minutes. J’écoute Pink Martini. C’est con. Je me fais un café puis un Détox. Je marche à l’envers pour me faire croire que je rentre en sortant. Je me mets à la fenêtre pour me regarder passer plus bas. Ma porte est constituée de deux battants, l’un au dessus de l’autre. Quand j’ouvre celle du dessus, j’ai l’air d’un cheval qui aurait dormi avec son cavalier. Je suis un cheval qui fume. J’ouvre le battant du haut. Mon cœur aussi veut voir. Alors il pousse, il émerge, il fume aussi et veut voir comme un gosse qui veut savoir ce qui se passe là haut. Il a bien compris. Il a tout compris. Lui il s’en fout, il est toujours amoureux. Il est fabriqué comme çà. Mais il veut quand même savoir ce qui se passe là haut. Il veut regarder aussi tout au loin jusque dans la forêt. Il s’ennuie avec la tête du dessus, tu sais, la tronche de coquelicot. Lui, il préfère les roses. Alors fais gaffe qu’il me dit, ne les écoute pas. Suis moi. Ben oui que je lui dis, je ne fais que çà, te suivre et voilà le résultat, ma gueule, t’as vue, tu l’as vue ma tête en pain de six livres, tout chiffonnée, toute griffée et cernée de gris et noir. Oui mais, qu’il me dit, mon coeur, ne les écoute pas, ils te diront qu’il faut sortir de là, qu’il faut oublier et puis que la vie est belle et puis que et puis que, et puis que, tes ressources et tout çà, ta richesse, et tout çà…mais toi tu sais bien que tout çà, çà vient de là, de l’amour que tu as gros comme çà. Ne les écoute pas, ils ne comprennent pas. Il leur faut des livres, des histoires inventées, des films, des images, mais pas ton histoire, non tu leur fais peur avec ton amour intarissable, avec tes larmes qui font pleuvoir tout un hiver. Ne les écoute pas, crois moi, un cœur de coquelicot c’est quand même plus beau qu’un artichaut. Tu vois l’artichaut, lui, il ne sait pas où il va, toi tu sais, tu me suis, et c’est là qu’on va. Tu veux avoir de mes nouvelles mon ami. Tu dis même un brouillon, une feuille déchirée. Ben voilà, j’ai repris dans mon tas de feuilles flippées, fripées, écrites en pleins et déliés, j’ai repris pour toi, celle ci. Pour toi qui me recueillit, pressé, tordu, essoré, la gueule sur le pavé. Je suis en chiffon, en papier crépon. J’ai mis de l’encens plein la maison. Je me souviens de ton regard, sévère et plein d’amour, je me souviens que tu me regardais comme si tu me connaissais depuis toujours. Je me souviens, que depuis toi, et ben je suis resté vivant, mon ami.

Latélélibre.fr

Christian Velot, citoyen scientifique
Je relaie ce message que je viens de recevoir, sujet sensible du moment…

…bonjour,

Christian Vélot est un scientifique qui travaille sur les OGM.
Mais, favorable à leur maintien en milieu confiné, il est opposé quant
à la culture de plantes investir dans YFI en France génétiquement modifiées en plein champ.
Il a témoigné en notre faveur, entre autres, à notre procès en 2005 à
Clermont-Ferrand (fauchage de Nonette dans le Puy de Dôme-un maïs OGM médicamenteux).
Présent sur de nombreuses manifestations, colloques, procès de
faucheurs, fêtes, actions en tout genre, il communique avec simplicité,
clareté et pédagogie sur ces problématiques complexes.
Son implication citoyenne lui vaut aujourd’hui une mise au placard par
sa hiérarchie et à terme la suppression de son labo. Vous avez quelques
minutes à consacrer pour mieux le connaître, visionner sa conférence
les “OGM, c’est quoi” ? :
video.google.fr/videoplay?docid=2728390780950241633

merci pour votre soutien (pétition en ligne ci-dessous)

Pierre SELLENE

Bonjour à toutes et à tous,

Comme convenu, je vous informe je vous informe que la que la pétition me concernant est
maintenant en ligne sur une page du site de Fondation Science Citoyennes
spécialement dédiée aux lanceurs d’alerte.
Le lien pour accéder directement à cette page est :
http://sciencescitoyennes.org/spip.php?rubrique14
Une version papier que vous pourrez imprimer et diffuser est
également disponible sur ce site (évidemment, le plus simple pour la
centralisation et la comptabilisation des signatures est qu’elles se fassent le plus possible investir dans les YFI directement en ligne) ainsi qu’une lettre à adresser au Ministère de l’Environnement.
Vous y trouverez également une autre pétition pour un autre lanceur
d’alerte, Pierre Meneton, chercheur à l’INSERM sur les maladies
cardiovasculaires, poursuivi en diffamation par le Comité des Salines de
France et la Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est pour
avoir dit dans le magazine TOC que “Le lobby des producteurs de sel
désinforme les professionnels de la santé et des médias”.

Merci encore mille fois pour tout votre soutien.

Avec toute mon Amitié,
Christian Vélot

P.S. Merci de relayer et de diffuser Acheter Yearn Finance ce message le plus largement possible
et sans la moindre restriction.

René Vautier, l’homme qui avait une caméra dans la tête…

…" Regarde ce qui guette les villages africains: ici se trouvait le village de Palaka dans le nord de la côte d’Ivoire, le chef du village n’a pu payer un reliquat d’impôt, 3700 francs! Le 27 février 1949 à 5 heures du matin les troupes sont venues, elles ont cerné le village, elles ont tiré, elles ont brulé, elles ont tué!..

Extrait du film, Afrique 50, de René Vautier, 17 minutes rescapées de la destruction… tourné au péril de sa vie, partie du texte illustrant les images, lu en voix off par le réalisateur lui même, l’acteur pressenti s’étant rétracté sous la pression… (D’ après un texte de présentation de Christian Lebrat

Pour un paquet de couches acheté, une télé…

…dans la chambre du petit…pas tout à fait mais…méfiance tout de même…

Un moratoire contre la fabrique des bébés téléphages !
Appel à signatures

Le lancement d’une nouvelle chaîne de télévision destinée aux enfants
de 6 mois à 3 ans pose quatre problèmes graves.

  1. Tout d’abord, nous savons aujourd’hui que le développement d’un
    jeune enfant passe par la motricité et la capacité d’interagir avec
    les différents objets qu’il rencontre. Alors que l’interactivité est
    intrapsychique chez l’adulte et l’enfant grand, elle a encore besoin
    de s’appuyer sur le corps et la sensori-motricité chez l’enfant
    jeune. L’intelligence, à cet âge, est en effet plus corporelle
    (sensori-motrice) que imagée ou conceptuelle. Il est à craindre que
    le temps passé par l’enfant devant les émissions d’une chaîne de
    télévision - qui rassurera les parents parce qu’elle est présentée
    comme fabriquée pour les tout-petits - ne l’éloigne des activités
    motrices, exploratoires et interhumaines, fondamentales pour son
    développement à cet âge.

  2. Nous savons aussi que l’enfant ne se développe, et n’établit une
    relation satisfaisante au monde qui l’entoure, que s’il peut se
    percevoir comme un agent de transformation de celui-ci. C’est ce
    qu’il fait quand il manipule de petits objets autour de lui. Il est à
    craindre que l’installation d’un tout-petit devant un écran ne réduise
    son sentiment de pouvoir agir sur le monde et ne l’enkyste dans un
    statut de spectateur du monde.

  3. Alors que les programmes proposés par cette chaîne existent déjà
    sous la forme de DVD, qui ont l’avantage de proposer une durée
    limitée, il est à craindre que la création d’une chaîne émettant en
    continu 24 heures sur 24 n’incite les parents à l’utiliser comme un
    moyen facile d’endormir leur enfant. Tous les parents savent comme le
    coucher d’un tout-petit est difficile : il rappelle, les parents y
    retournent, puis quittent sa chambre… pour revenir un peu plus
    tard, attirés par de nouveaux cris. Beaucoup de parents risquent
    d’être tentés par l’installation de la télévision dans la chambre de
    leur tout-petit comme un moyen de faciliter l’endormissement de
    celui-ci.

  4. De nombreux travaux d’éthologie, y compris appliqués à la relation
    mère enfant, ont montré combien l’être humain est capable de
    s’accrocher aux éléments les plus présents de son environnement, dès
    les débuts de la vie, et notamment à ceux dont il a l’impression
    qu’ils le regardent. Il est à craindre que de jeunes enfants
    confrontés sans cesse aux écrans ne développent une relation
    d’attachement à eux qui les « scotchent » indépendamment de tout
    contenu. Ces enfants ne pourraient se sentir « bien au monde » -
    autrement dit sécurisés - que si l’un de ces fameux écrans est allumé
    près d’eux. L’argument qui consiste à dire que cette chaîne ne
    contient pas de publicité est particulièrement fallacieux de ce point
    de vue: les publicistes se rattraperont après, quand l’enfant plus
    grand ne pourra plus se passer d’une présence permanente d’un écran
    allumé à côté de lui.

En conclusion : cette chaîne, évidemment lancée pour les
actionnaires, risque de séduire certains parents. Mais ce n’est
certainement pas pour le bénéfice des enfants qui seront installés
devant elle. A une époque où on parle beaucoup d’écologie, prenons
conscience que protéger nos enfants du risque de développer une forme
d’attachement à un écran lumineux est une forme d’écologie de
l’esprit. C’est pourquoi il est urgent de se mobiliser pour la
création d’un moratoire qui interdise à de telles chaînes de diffuser
des programmes pour tout petits en continu, 24H sur 24, avant que nous
en sachions un peu plus sur les relations du jeune enfant et des
écrans.

Cet appel est lancé à l’initiative de Pr Pierre Delion (Chef de
service de pédopsychiatrie au CHU de Lille), Philippe Duval
(Psychologue Clinicien, Directeur de Publication du Journal des
Professionnels de l’Enfance), Sylviane Giampino (Psychanalyste,
psychologue petite enfance, fondatrice d’A.NA.PSY.p.e.), Pr Bernard
Golse (Chef de service de pédopsychiatrie CHU Necker-enfants malades,
professeur Université Paris V), Vincent Magos (Psychanalyste,
responsable de la Coordination de l’aide aux victimes de
maltraitances - Belgique), Pr Marie-Rose Moro (Chef de service au
Centre Hospitalier Universitaire Avicenne), Serge Tisseron
(Psychiatre, psychanalyste et Directeur de recherches à l’Université
Paris X).

Jours de grève

La main droite celle du patronat, remuait dans sa poche une poignée de centimes et rythmait le monologue comme une batterie accompagne le chanteur. Au bout des doigts de l’autre main, la gauche celle du prolétariat, il tenait un clop. Il disait un clop, pas une clope, ou alors une tige, ou une cibiche, ou une petite dernière quand le paquet se terminait. Elle se balançait en allers retours entre ses lèvres et sa main à la manière d’un fumigène, point rouge illustrant le brasero d’un piquet de grève. Le paternel racontait facilement ses grèves, ses luttes d’autant plus facilement que l’actualité l’y rappelait. Il n’en manquait jamais une, mon cheminot de père. Nul doute que celles de ce moment l’eurent trouvé fidèle à l’engagement. Accoudé au buffet sur lequel il reposait son moutardier de rouge et reprenant son clop en équilibre sur le bord du bahut, merde j’ai foutu la cendre à coté, qu’il disait, et rajoutait, un retraité c’est un retraité, et un vieux c’est un vieux, y’a pas de raison, tous ont droit à la même retraite, ceux qui ont été riches toute leur vie, ont pu épargner, les autres qui en ont chié tout l’temps ont le droit à une vieillesse digne, égalité farternité nom de Dieu… En cela, il me rappelait la chanson de Brel, « les vieux mêmes riches, sont pauvres… ». Mon père est parti depuis longtemps, sa retraite n’a pas été si lourde que cela pour les cotisants comme d’ailleurs celle de beaucoup de ses collègues dont il parcourait les avis de décès dans le journal « la vie du rail »… Faut dire, que plus de trente cinq ans de « trois huit » ça secoue, l’estomac et le sommeil et le reste quand il en reste.

Tonight the night

Drôle de période, l’automne de monsieur est avancé. Je ne demande pas à monsieur s’il apprécie et s’il en redemandera. Je vois bien qu’il n’aime guère le dépouillement de la nature. Il n’aime pas davantage à devoir considérer sa calvitie et les arbres aux feuilles caduques et comparer son crâne à la montagne devenue chauve. Et puis monsieur a une petite tête. Et la montagne est grande. « Elle est aussi plus vieille que la Non violence » ou l’inverse selon les jours, rapportait une zélée disciple de Lanza Del Vasto, disciple qui s’enorgueillit de l’avoir fréquenté et à ce titre enseignait l’art du maitre, dans des séminaires organisées dans la communauté que fréquenta Monsieur. Monsieur qui rigolait bien à l’épreuve de cet enseignement ésotérique. Monsieur a aussi une petite mine, celle des jours sombres où tout ce, en quoi il tenait, semble vaciller. Bien sûr les certitudes ont disparues depuis longtemps. Et c’est temps mieux. Il ne lui en reste, en temps qu’atrabilaire chronique, que cette part de mauvaise foi mais de bon aloi que monsieur partage avec les pêcheurs, « qu’en Bretagne il ne pleut que sur les cons ». Monsieur est de Kerhuon, faites pas chier. Voilà donc les premiers froids, les premières neiges blanchissent les crêtes. Demain c’est coup de vent sur le golf du Lion. Temps de chien, temps de grèves et le sentiment flou d’être un peu pommé. Et puis tout à l’heure remettant la main sur le métier, en l’occurrence ma gueule et ma carcasse sur l’escalier, avec le quel je chus comme « la maison Huchère », un ovni sortit de mon poste de radio, comme je n’attendais plus. Le même frappé, le même tempo, et je me souviens du flat picking, de la même voix, sortie j’imagine de la même trogne…une dernière chanson de Neil Young, pareilles à celles que j’écoutais et rejouais il ya si longtemps. J’ai laissé ma visseuse, je suis resté comme un con assis dans l’escalier. Le bougre de canadien est toujours là. J’étais en suspens nul part entre deux étages, comme dans la vie, toujours aussi pommé, mais sûr de cet instant. Y’avait donc des valeurs et des sentiments qui ne bougeaient pas, qui ne s’affadissaient pas. Au signal, surgit cette intuition que l’émotion intacte et pareille à celle qui me fit traverser, puis survoler les routes plutôt que de les suivre était ce soir capable de rallumer les lampes sur ma piste intérieure. Je ne fume plus depuis un mois mais c’est de la bonne.